Attention aux interactions entre CBD et médicaments !

Saviez-vous que l’utilisation concomitante de produits à base de cannabidiol (CBD) et de certains médicaments pouvait se révéler risquée ? C’est le message de la récente alerte de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui attire l’attention sur l’existence d’interactions pouvant mettre la santé des patients en danger. On fait le point.

Les produits à base de cannabidiol (CBD) ne sont pas des produits anodins 

Disponibles en France depuis dix ans, les produits à base de cannabidiol (CBD) existent sous différentes formes comme des comprimés, des huiles buvables, des liquides pour cigarettes électroniques, des tisanes voire même des bonbons et des gâteaux. Utilisés pour leurs effets réels ou supposés sur le bien-être, ce ne sont pas des médicaments.

L’utilisation concomitante de produits à base de cannabidiol (CBD) et de certains médicaments peut néanmoins être risquée. Entre la baisse d’efficacité de certains traitements médicamenteux voire la survenue d’effets indésirables, les interactions qu’ils provoquent ne sont en effet pas anodines pour la santé des patients.

Des interactions entre produits à base de CBD et certains médicaments

Il faut dire que les centres antipoison ont enregistré 58 cas d’interactions entre médicaments et produits à base de CBD entre 2017 et 2023. Par ailleurs, 4 cas graves d’interactions médicaments/CBD ont été rapportés en 2021 et 2022 par les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) et les centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A). Et l’ANSM de souligner que le nombre de cas est sans doute fortement sous-évalué.

L’étude de ces cas a par ailleurs permis d’identifier de nombreuses classes de médicaments interagissant avec les produits à base de CBD. Il s’agit de :

• De certains analgésiques comme le tramadol, la morphine, le diflunisal.
• D’anesthésiques généraux (propofol).
• D’antiarythmiques (digoxine).
• D’anticoagulants (warfarine, coumarines, fluindione, dabigatran).
• D’hypolipémiants (gemfibrozil, fénofibrate, statines).
• D’antidiabétiques oraux (répaglinide).
• D’hormones thyroïdiennes (lévothyroxine).
• D’immunosuppresseurs (everolimus, tacrolimus, sirolimus).
• D’inhibiteurs de la pompe à protons (oméprazole, ésoméprazole).
• De certains antibiotiques (rifampicine, rifabutine).
• D’antifongiques (griséofulvine).
• De myorelaxants (tizanidine).
• D’antidépresseurs (amitriptyline, citalopram, escitalopram, bupropion).
• D’antiépileptiques (acide valproïque, lamotrigine, phénytoïne, carbamazépine, oxcarbazépine, phénobarbital, topiramate, stiripentol).
• D’antipsychotiques (clozapine, lithium).
• D’hypnotiques et benzodiazépines (zolpidem, ramelteon, tasimelteon, clobazam, lorazépam).
• D’un traitement de substitution des opiacés (méthadone).

Des effets indésirables à déclarer

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé encourage ainsi les praticiens à interroger leurs patients sur une éventuelle consommation de CBD. Le cas échéant, ils devront les informer sur les risques liés à la consommation de cette substance active et sur les risques d’interactions médicamenteuses, même avec les médicaments en vente libre.

Ainsi, toute apparition de symptômes après la prise d’un produit à base de CBD devra amener le patient à en arrêter la consommation et à consulter un professionnel de santé.

Quant aux effets indésirables, ils devront faire l’objet d’une déclaration sur le site signalement.social-sante.gouv.fr.