Des aliments personnalisés contre la dénutrition des patients cancéreux ?
Saviez-vous qu’après leur maladie, la dénutrition était le second ennemi des personnes souffrant d’un cancer ? Et pour cause, elle met littéralement en péril la survie des patients cancéreux. D’où l’importance de rétablir l’équilibre nutritionnel des personnes malades au moyen d’aliments répondant spécifiquement à leurs besoins et leurs envies. C’est l’objectif des travaux menés par des chercheurs lyonnais qui ambitionnent de développer une gamme d’aliments personnalisés pour les patients atteints d’un cancer. Coup de projecteur sur leurs avancées.

Les dangers de la dénutrition chez les patients cancéreux
Touchant près d’un patient cancéreux sur deux, la dénutrition représente un véritable enjeu médical et psychosocial du fait de son impact direct sur la santé globale et la qualité de vie des personnes malades. La dénutrition est effet responsable d’un déséquilibre nutritionnel : le corps ne reçoit plus via l’alimentation suffisamment d’énergie, de protéines et de nutriments pour fonctionner correctement. S’ensuit un amaigrissement important de la personne dénutrie lié à une diminution du tissu graisseux et de la masse musculaire.
Or, une perte de poids importante liée à la dénutrition (5 % en un mois ou 10 % en six mois) peut avoir un impact important sur la tolérance aux traitements anticancéreux et augmenter le risque d’infection, de problèmes cardiaques ou de chute, ce qui met en péril la survie des patients cancéreux. Selon la communauté médicale, 10 à 20 % des patients cancéreux décèdent d’ailleurs chaque année, non pas du cancer lui-même mais des conséquences de leur état de dénutrition. D’où l’importance de rétablir l’équilibre nutritionnel des patients souffrant de cancers.
Mais force est de constater qu’à ce jour, il n’existe pas de solutions spécifiques à-mêmes de contrer cette dénutrition chez les patients sous chimiothérapie. Entre les compléments alimentaires standards pas toujours adaptés et l’alimentation artificielle par sonde nasogastrique ou intraveineuse qui demeure contraignante, invasive et risquée, les médecins se trouvent souvent démunis.
Des aliments sur mesure pour les patients cancéreux
Dans ce contexte, des chercheurs lyonnais ont eu l’idée de rétablir l’équilibre nutritionnel des patients cancéreux dénutris au moyen d’aliments répondant spécifiquement à leurs besoins et leurs envies. Ils ont ainsi mis sur pied un projet intitulé « Onco-Nutribiota ». L’objectif ? Aider les patients à se réapproprier la prise alimentaire pour « redevenir acteurs de leur parcours de soin ». Ils comptent ainsi prendre en compte la physiologie des patients sujets à la perte de plaisir et d’appétence, ainsi que la modification de leurs fonctions gustatives et odorantes pour développer une gamme d’aliments et de recettes sur mesure.
Pour mener à bien ce projet et évaluer finement les changements sensoriels liés à la maladie, les scientifiques prévoient d’inclure dans une nouvelle cohorte près de 200 personnes atteintes d’un cancer. Elles seront soumises à des tests d’odorat, des épreuves culinaires ainsi qu’à des mesures de leurs capacités à ressentir des textures.
Autre composante importante que les chercheurs prévoient également d’analyser : le microbiote oral et intestinal de ces patients. Car chez les patients cancéreux, le microbiote est régulièrement déséquilibré avec une perte de bactéries favorables à une bonne santé globale. Or, le microbiote joue un rôle clé dans l’état nutritionnel d’une personne en ce sens qu’il a une influence sur le goût, la perception des aliments, l’appétit ou encore la sensation de rassasiement. L’équipe de chercheurs souhaite donc développer des aliments optimisés qui puissent agir sur le microbiote tout en étant adaptés au profil sensoriel des patients cancéreux.
Vers une étude en conditions réelles
Après analyse des profils sensoriels liés à l’état nutritionnel de la cohorte de patients, les chercheurs prévoient de développer ensuite des prototypes d’aliments répondant spécifiquement aux problématiques identifiées, en collaboration avec l’Institut Lyfe. Qu’il s’agisse de plats, de desserts, ou de pâtisseries, ces prototypes devront répondre aux besoins nutritionnels des patients tout en améliorant le plaisir lié à leur consommation. Leur impact sur la qualité de vie des patients sera analysé dans le cadre d’une étude clinique en conditions réelles sur une cinquantaine de patients.
Les chercheurs se donnent cinq ans pour mener à bien ce projet ambitieux qu’ils espèrent à terme proposer à d’autres catégories de patients touchés par la dénutrition comme les personnes âgées et les enfants. Affaire à suivre !
– Comprendre la dénutrition. Ameli. . www.ameli.fr. Consulté le 2 avril 2025.
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