Immunothérapie et biothérapie : quelles différences ?
Depuis plusieurs années, les thérapies biologiques révolutionnent la prise en charge de nombreuses pathologies, en mobilisant les ressources naturelles de l’organisme. Mais comment fonctionnent-elles exactement ? Quelle différence existe-t-il entre biothérapie et immunothérapie ? En quoi ces approches transforment-elles le traitement du cancer et d’autres maladies chroniques ?
Dans cet article, découvrez comment ces thérapies issues du vivant ouvrent de nouvelles perspectives médicales et quelles sont leurs applications les plus prometteuses.
Biothérapie : un ensemble de traitements issus du vivant
La biothérapie regroupe un large éventail de traitements utilisant des molécules produites à partir d’organismes vivants. Elle repose sur l’exploitation des propriétés biologiques de ces substances pour moduler des processus physiologiques. Elle est employée dans de nombreuses disciplines médicales :
Les biothérapies incluent :
- Les anticorps monoclonaux, qui ciblent spécifiquement les cellules malades en empêchant leur prolifération ou en facilitant leur destruction par le système immunitaire.
- Les thérapies géniques, qui consistent à modifier ou insérer des gènes dans l’ADN afin de traiter certaines pathologies génétiques, comme la myopathie de Duchenne.
- Les thérapies cellulaires, qui reposent sur l’injection de cellules capables de rétablir une fonction biologique altérée, notamment des maladies sanguines.
- Les thérapies tissulaires, qui impliquent l’utilisation de tissus vivants greffés en remplacement de tissus endommagés, comme dans le cas des greffes de peau après une brûlure ou des greffes de cornée pour restaurer la vision.
- Les médicaments biologiques, issus de la biotechnologie et destinés à remplacer ou moduler une fonction défaillante, comme l’insuline pour le diabète ou l’érythropoïétine pour traiter certaines anémies.
Immunothérapie : une stimulation ciblée du système immunitaire
L’immunothérapie est une sous-catégorie de la biothérapie qui vise à renforcer, moduler ou restaurer l’action du système immunitaire pour lutter contre certaines maladies, notamment les cancers. Contrairement aux traitements classiques, elle ne cible pas directement les cellules malades, mais mobilise les défenses immunitaires du patient pour qu’elles les reconnaissent et les détruisent.
Les principales stratégies d’immunothérapie sont :
- Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires, qui bloquent les signaux empêchant les lymphocytes T d’éliminer les cellules tumorales. Ces traitements, comme le pembrolizumab ou le nivolumab, ont révolutionné la prise en charge de certains cancers métastatiques.
- Les cellules CAR-T, une thérapie qui consiste à prélever les lymphocytes T du patient, les modifier génétiquement pour qu’ils identifient spécifiquement les cellules cancéreuses, puis les réinjecter pour une attaque ciblée. Cette stratégie a montré des résultats encourageants dans les leucémies aiguës et certains lymphomes.
- Les cytokines thérapeutiques, telles que l’interleukine-2, qui stimulent globalement le système immunitaire afin d’intensifier la réponse anti-tumorale. Toutefois, ces traitements sont encore limités en raison de leurs effets secondaires sévères.
- Les vaccins thérapeutiques, qui entraînent le système immunitaire à reconnaître des antigènes tumoraux spécifiques et à déclencher une réaction immunitaire efficace. Le Sipuleucel-T, par exemple, est un vaccin destiné au cancer de la prostate métastatique.
Des avancées majeures pour le traitement du cancer et des maladies chroniques
Les thérapies biologiques, et en particulier l’immunothérapie, ont profondément bouleversé la prise en charge du cancer et des maladies chroniques. Grâce à une approche plus ciblée et personnalisée, elles permettent d’améliorer l’efficacité des traitements tout en réduisant les effets secondaires associés aux thérapies conventionnelles.
En oncologie, l’immunothérapie a marqué un tournant avec les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires, qui libèrent les défenses naturelles du patient pour qu’elles attaquent les cellules tumorales. Des traitements comme le pembrolizumab ou le nivolumab ont transformé le pronostic de cancers autrefois très difficiles à traiter, tels que le mélanome métastatique ou certains cancers du poumon. De même, la thérapie par cellules CAR-T, qui consiste à modifier génétiquement les lymphocytes T pour leur donner la capacité de reconnaître et de détruire des cellules cancéreuses spécifiques, offre une nouvelle alternative pour certains cancers du sang résistants aux traitements classiques.
Dans le domaine des maladies chroniques, les biothérapies ouvrent également des perspectives inédites. Les anticorps monoclonaux, déjà utilisés en cancérologie, sont désormais employés pour traiter des maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde ou la maladie de Crohn, en bloquant des molécules impliquées dans l’inflammation excessive. Ces progrès bénéficient aussi aux maladies inflammatoires touchant la peau et des voies respiratoires, comme l’eczéma sévère et l’asthme réfractaire. Des traitements ciblés, tels que le dupilumab, un anticorps monoclonal inhibant une voie inflammatoire spécifique, permettent aujourd’hui de réduire les symptômes et d’améliorer la qualité de vie des patients souffrant de dermatite atopique sévère ou d’asthme éosinophilique, là où les traitements classiques ne suffisaient pas.
L’essor de ces approches s’accompagne d’une avancée majeure : la médecine de précision. En analysant les signatures génétiques et immunitaires des patients, il devient possible de prédire leur réponse aux traitements et d’adapter les thérapies en conséquence. À terme, ces innovations pourraient rendre les traitements plus efficaces, mieux tolérés et accessibles à un plus grand nombre de patients.
À noter ! Les avancées en intelligence artificielle permettent d’identifier de nouveaux biomarqueurs prédictifs de réponse aux traitements. Ces outils offrent des perspectives pour la médecine personnalisée, optimisant ainsi les chances de succès des biothérapies et immunothérapies tout en limitant les effets secondaires.
Les biothérapies et l’immunothérapie marquent une révolution dans la prise en charge des cancers et des maladies chroniques. En mobilisant les mécanismes biologiques et immunitaires de l’organisme, ces approches offrent des traitements plus ciblés et mieux tolérés, réduisant les effets secondaires des thérapies traditionnelles. L’avenir de ces thérapies repose sur les avancées en médecine de précision, ouvrant la voie à une nouvelle ère médicale, où les traitements seront toujours plus adaptés aux besoins spécifiques de chaque patient.
– Immunothérapie des cancers, Inserm. www.inserm.fr. Consulté le .
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