Informations en santé : où en sont les Français ?

Par |Publié le : 30 janvier 2025|Dernière mise à jour : 31 janvier 2025|5 min de lecture|

Pour la première fois, la France participe à une enquête sur la littératie en santé. Ce sujet concerne la motivation et les compétences nécessaires à un individu pour comprendre et utiliser des informations sur la santé. Quelles sont les problématiques rencontrées par les Français ? Quelles sont les pistes à développer pour surmonter les difficultés ? Retour sur les conclusions de l’étude.

information santé

Un Français sur deux éprouve des difficultés

Pour mener à bien cette étude, financée par Santé publique France et la Ligue contre le cancer, trois structures se sont réunies dont Santé publique France, le Sesstim (Sciences économiques et sociales de la santé & traitement de l’information médicale) sous la tutelle de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et enfin le Réflis, le premier réseau francophone de chercheurs consacré à la littératie en santé.

L’étude Health Literacy Survey (HLS 2020-2021), réalisée en ligne, se compose de deux questionnaires envoyés en mai 2020 et janvier 2021 auprès de plus de 2000 adultes âgés de 18 à 75 ans résidant en France métropolitaine.

Dans la conclusion générale, l’étude révèle que 44.1 % des adultes rencontrent des difficultés à accéder, comprendre, évaluer et utiliser les informations de santé. 29,8% ont un niveau « problématique et 14,3% d’entre eux ont un niveau « inadéquat ».

À savoir !les niveaux sont classés en quatre catégories : excellent, suffisant, problématique ou inadéquat.

Ce problème n’est pas spécifique à la France : on le retrouve également dans les 16 autres pays européens qui ont participé à cette enquête.

Le point sur les différentes interactions en santé

Littératie en santé générale

La difficulté perçue est très variable selon les individus : entre 3,6% et 40,5% déclarent des difficultés pour « savoir comment se protéger des maladies à partir des informations disponibles dans les médias ». Les principales difficultés rencontrées concernent la manière dont il est possible de se protéger des maladies et l’évaluation des risques et bénéfices des différents traitements.

Naviguer dans le système de santé

73,1% des Français ont un niveau insuffisant en navigation, dont 49,2% avec un niveau inadéquat. Les difficultés perçues sont élevées pour « se défendre si les soins reçus ne répondent pas aux besoins » (67,7%) et pour « comprendre les réformes en cours du système de santé qui pourraient affecter les soins » (66,2%). Les volontaires disent ne pas savoir comment se défendre et comment critiquer les soins dans un contexte où les relations médecin – patient sont souvent « paternalistes ».

Compétences pour communiquer avec les médecins

La difficulté perçue oscille entre 10,8% et 25,9% lorsqu’il s’agit « d’exprimer ses opinions et préférences personnelles à son médecin ».50% des répondants ont cependant un niveau excellent. Il est mis en évidence dans cette étude que même si le temps manque lors des consultations, les patients trouvent le temps d’expliquer leurs problèmes et de poser des questions. Les difficultés ressenties sont plus fréquentes quand il s’agit d’exprimer des opinions ou choix personnels et de s’impliquer dans les décisions. Notons aussi que 20% des participants présentent des difficultés à se rappeler des informations obtenues.

Aptitudes en santé numérique

Téléconsultation, applications e-santé, portail de santé, réseaux sociaux échangeant sur des questions de santé, repérage de la désinformation médicale… Au total, 72% des Français ont un niveau limité de littératie en santé numérique, dont 52% ont un niveau inadéquat et 20% un niveau problématique. Le plus difficile pour les interrogés est d’évaluer la présence ou non d’intérêts commerciaux qui se cachent derrière les informations proposées » (69,2%) et de juger de la fiabilité des informations trouvées » (64,8%). Les résultats de l’étude indiquent aussi que certaines populations sont plus désavantagées : les personnes âgées, les personnes n’ayant pas accès facilement aux outils numériques et à une connexion et les individus avec un statut socioéconomique défavorisé.

Perception de la médecine et de la recherche médicale

La confiance des patients envers les médecins est très forte en France avec 92,6%, mais le niveau de confiance diminue lorsque la littératie en santé est plus basse.

19,7% des participants déclarent avoir une bonne connaissance des essais cliniques et en moyenne l’avis envers ces essais était plutôt positif (65%).

Des inégalités sociales marquées

En conclusion, l’étude souligne que la différence de niveaux de littératie en santé dépend majoritairement du statut social perçu. Cette relation est d’autant plus marquée en France que dans les autres pays participants à l’étude.

Autre constat : un bon niveau de littératie en santé est généralement associé à des comportements de santé plus favorables (activité physique régulière, consommation journalière  de fruits et légumes, IMC normal) et à un sentiment d’être en meilleure santé.

Ces résultats mettent en lumière l’importance de considérer à juste titre les inégalités sociales dans l’élaboration des politiques de santé. Cela passe par le développement de dispositifs de soins, d’éducation et de promotion de la santé plus équitables et mieux adaptés.

Cette enquête sera reconduite en 2025. D’autres niveaux de connaissance seront explorés comme le traitement de l’information sur la vaccination ou encore sur la santé mentale.

Sources
– Littératie en santé : Rapport de l’étude Health Literacy Survey France 2020-2021. www.santepubliquefrance.fr. Consulté le 16 janvier 2025.

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Julie P.
Journaliste scientifique
Journaliste scientifique. Spécialiste de l'information médicale. Passionnée par l'actualité scientifique et les nouvelles technologies. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.