Un lien entre endométriose et traumatismes passés ?

L’endométriose est une pathologie gynécologique douloureuse et invalidante qui fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques depuis plusieurs années. Si l’hypothèse d’une prédisposition génétique à cette maladie a été avancée par les chercheurs, une nouvelle étude suggère un lien possible entre l’endométriose et divers traumatismes et stress vécus dans l’enfance et à l’âge adulte. Zoom sur les conclusions de ces travaux inédits.

Quels sont les facteurs favorisant l’endométriose ?

L’endométriose concerne une femme sur dix en âge de procréer et se manifeste par de fortes douleurs pendant les règles et/ou par des troubles de la fertilité. On dit de cette maladie qu’elle est multifactorielle car elle se développe en présence de plusieurs facteurs concomitants.

Parmi les facteurs favorisants identifiés, citons la prédisposition génétique, les facteurs hormonaux. Par ailleurs la présence de traumatismes psychologiques (maladie, dépression, anxiété et troubles de l’alimentation) a également été associée à la maladie. Mais à ce jour, les données relatives au rôle des traumatismes et de la prédisposition génétique sur le développement de la maladie demeurent insuffisantes.

Dans ce contexte, des scientifiques britanniques ont cherché à savoir si un traumatisme vécu dans l’enfance ou à l’âge adulte pouvait avoir un impact sur le développement de l’endométriose. 

Un lien entre endométriose et traumatismes passés ?

Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont utilisé la Biobank britannique pour comparer les données de 8 276 femmes souffrant d’endométriose avec celles de 240 117 femmes témoins.

• Après analyse des données, les chercheurs ont pu observer que les femmes souffrant d’endométriose étaient :
•  28 % plus susceptibles d’avoir subi un traumatisme avec contact que les femmes témoins.
• 14 % plus exposées aux maltraitances infantiles que les femmes témoins.
• 16% plus susceptibles d’avoir subi une agression sexuelle à l’âge adulte que les femmes témoins.
• 17 % plus susceptibles d’avoir été témoins d’une mort subite que les femmes témoins.
• 36 % plus susceptibles d’avoir reçu un diagnostic avec pronostic vital engagé que les femmes témoins.

Les femmes souffrant d’endométriose se sont donc montrées plus susceptibles de déclarer avoir vécu des événements traumatisants ou stressants dans l’enfance ou à l’âge adulte que les femmes ne souffrant pas d’endométriose. Les associations les plus fortes étant observées avec les traumatismes de contact (violence physique ou agression sexuelle).

La composante psychologique à prendre en compte

Pour les auteurs de cette étude, l’endométriose et les traumatismes auraient en commun des mécanismes génétiques. Autre hypothèse avancée : les traumatismes pourraient provoquer ou intensifier une inflammation chronique et donc perturber l’équilibre hormonal, favorisant ainsi le développement de l’endométriose.

Publiés dans le Jama Psychiatry, les résultats de cette étude suggèrent que les expériences traumatisantes de l’enfance et de l’âge adulte pourraient contribuer à l’apparition ou l’aggravation de l’endométriose. Dès lors, les auteurs soulignent l’importance rechercher ce type d’antécédents lorsque le diagnostic d’endométriose est évoqué et d’évaluer la santé physique et mentale des patientes diagnostiquées.