Moins de nutriments dans nos assiettes ?

Par |Publié le : 31 mars 2025|Dernière mise à jour : 28 mars 2025|4 min de lecture|

Produire de l’énergie, fabriquer les constituants cellulaires et maintenir les équilibres chimiques … les nutriments retrouvés dans les aliments sont indispensables pour le bon fonctionnement de notre organisme. Cependant, les systèmes agricoles de plus en plus intensifs tendent à faire diminuer leurs teneurs dans les fruits, légumes et céréales.

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Fruits, légumes et céréales en manque de nutriments

De nombreuses études agronomiques montrent que de nombreux fruits, légumes et céréales cultivés aujourd’hui contiennent moins de nutriments que ceux cultivés il y a plusieurs décennies. La quantité de nutriments contenus dans ces produits frais est en constante diminution depuis soixante-dix ans.

Les nutriments en question sont par exemple les protéines, le calcium, le phosphore, le fer et les vitamines (K, B2 et vitamine C).

Ce phénomène pose davantage de problèmes de santé publique (carence en nutriments) lorsque l’on sait qu’un nombre croissant d’individus se tournent vers des régimes alimentaires intégrant de plus en plus de sources végétales (végétarien, végétalien, flexitarien).

Ces baisses alarmantes entraînent également des conséquences sur la qualité nutritionnelle de la viande. Le bétail se nourrit désormais d’herbes et de céréales moins nutritives, ce qui rend la viande et les produits d’origine animale (lait, œufs) moins nutritifs qu’auparavant.

« Donner à notre corps une moindre quantité des composants qui lui sont nécessaires pour se défendre contre les maladies chroniques réduira la valeur de l’alimentation en tant que médecine préventive » explique, au journaliste de National Geographic, David Montgomery, professeur à l’université de Washington à Seattle.

Comment expliquer ce phénomène ?

Plusieurs raisons expliquent cette diminution des teneurs en nutriments dans les produits cultivés : les pratiques agricoles appauvrissant les sols (irrigation, fertilisation, travail de la terre, récolte) et l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique

Les pratiques agricoles modernes, visant à augmenter le rendement des cultures, empêchent les plantes d’absorber les nutriments du sol ou de synthétiser les nutriments.

En effet, l’agriculture intensive épuise la bonne santé des sols, ce qui réduit la capacité des plantes à former des partenariats avec les champignons microscopiques présents dans les sols.

L’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère nuit également à la qualité nutritionnelle des aliments cultivés.

Lorsque les cultures comme le blé, le riz, l’orge et les pommes de terre sont exposées à des niveaux plus élevés de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, elles voient leur photosynthèse stimulée et génèrent davantage de composés à base de carbone comme les glucides, mais intègrent moins d’eau et donc moins de micronutriments du sol.

Pour Alain Gojon, chercheur à Institut des Sciences des Plantes de Montpellier : « Les projections d’augmentation de CO2 tablent sur une hausse de production agricole plutôt autour de 10 % que de 40 %. Dans les plantes cultivées avec ces niveaux de CO2, la perte d’azote, qui est un constituant majeur des protéines, est d’environ 15 %. Pour les minéraux comme le phosphore, le potassium, le calcium, le magnésium ou le fer, on est à moins 10 % ».

Conséquences sur la santé et solutions

Le blé et le riz représentent plus de 30 % des calories consommées dans le monde et les populations basant essentiellement leur alimentation sur ces deux ressources ont plus de risques d’être affectées par cette baisse de nutriments (protéines, vitamines B et micronutriments).

« Pas moins de trois milliards de personnes sur la planète, dont la plupart dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, ne peuvent pas se permettre une alimentation saine régulière. Et au moins deux milliards souffrent de ce que l’on appelle la faim invisible, puisque des micronutriments essentiels manquent dans leur régime alimentaire », explique Chase Sova, directeur pour le Programme alimentaire mondial des États-Unis, dans les colonnes de National Geographic.

La question de savoir si les produits biologiques sont plus nutritifs que les produits cultivés de manière conventionnelle fait toujours objet de débat.

Selon certains experts, il faut se tourner davantage sur le niveau de qualité des sols. Des pratiques agricoles basées sur la régénération des sols (réduction du labour, recouvrement du sol par du trèfle ou du le ray-grass pour éviter l’érosion, rotation des cultures) permettent d’améliorer la teneur en nutriments des cultures. Il est donc possible d’inverser ces baisses de nutriments en prenant davantage soin des sols.

Les nutritionnistes recommandent, pour éviter les éventuelles carences, de continuer à consommer un large éventail de fruits, légumes et céréales complètes. Et si possible, de se renseigner sur les pratiques agricoles déployées par les producteurs.

Sources
– Nos fruits et légumes sont de moins en moins nutritifs. www.nationalgeographic.fr. Consulté le 19 mars 2025.
– Si les plantes ne nous nourrissaient plus ?. www1.montpellier.inra.fr. Consulté le 19 mars 2025.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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