Surpoids et obésité : Vers un dépistage systématique des femmes ?

Dans un contexte préoccupant de hausse continue de la prévalence du surpoids et de l’obésité, la Haute Autorité de santé s’intéresse particulièrement à la population féminine. L’instance sanitaire publie ainsi des recommandations particulières relatives au dépistage et à l’accompagnement des femmes souffrant de surpoids ou d’obésité.

Surpoids, obésité et santé de la femme

Maladie chronique et complexe, l’obésité ne cesse de voir sa prévalence augmenter au sein de la population. Au point que des études parues dans le Lancet prévoient qu’en 2050, plus d’un adulte sur deux et un enfant ou adolescent sur trois dans le monde seront atteints de surpoids ou d’obésité !

Au sein de la population féminine, la prévalence du surpoids et de l’obésité augmente d’ailleurs en continu depuis une vingtaine d’année pour être aujourd’hui plus élevée que chez les hommes. Or, l’obésité n’est pas sans risques pour la santé et la qualité de vie des femmes. Les femmes souffrant d’obésité sont en effet exposées à un risque accru de complications maternelles et fœtales, de survenue de cancers féminins comme ceux du sein, de l’utérus en période post-ménopausique ou de l’ovaire.

Dans ce contexte et à l’occasion des travaux qu’elle mène sur le sujet du surpoids et de l’obésité, la Haute Autorité de santé vient de publier des recommandations de bonne pratique sur le dépistage et l’accompagnement des femmes. L’objectif affiché ? Améliorer la santé globale des femmes au cours des étapes clés de leur vie (projet de grossesse, grossesse, grossesse après une chirurgie bariatrique, période du post-partum, péri-ménopause et ménopause) à travers des actions de prévention et un accompagnement dès le diagnostic de surpoids ou d’obésité.

Une fiche en 10 points pour un dépistage systématique des femmes

Pour cela, la Haute Autorité de santé a publié une fiche en dix points pour un dépistage systématique du surpoids et de l’obésité chez la femme :

1. Dépistage systématique en particulier au moment des consultations spécifiques aux femmes.
2. Prise en charge de la patiente sans stigmatisation. Vigilance face à toute vulnérabilité sociale ou psychique.
3. Dès le diagnostic d’un surpoids ou d’une obésité élaboration avec la patiente d’un projet de soins personnalisé, coordonné par le médecin généraliste.
4. Accompagnement du changement des habitudes de vie de la patiente.
5. Suivi gynécologique régulier.
6. Anticipation d’une future grossesse et accompagnement dès son début.
7. Suivi de grossesse adapté au niveau de risque.
8. Accompagnement en post-partum.
9. Suivi spécialisé et obstétrical dans le cas d’une grossesse faisant suite à une chirurgie bariatrique.
10. Accompagnement en période de péri-ménopause et de ménopause.

S’agissant du dépistage systématique, la Haute Autorité de Santé mise sur la prévention à l’occasion des consultations spécifiques aux femmes (comme les consultations chez le gynécologue-obstétricien ou la sage-femme) et des consultations chez le médecin généraliste. L’instance recommande en effet de suivre au moins une fois par an l’indice de masse corporelle et le tour de taille de la patiente. Ce suivi pourra se faire à l’occasion des bilans de prévention, des consultations relatives à la contraception et au dépistage des cancers, du suivi de grossesse ou de la prise en charge de la ménopause.

Les recommandations insistent de plus sur la nécessité de construire le projet de santé en concertation avec la patiente ainsi que sur la coordination des soins et des divers accompagnements. Le médecin généraliste jouera un rôle clé en supervisant le projet de soins ou les interventions. Moins fréquent chez les femmes souffrant d’obésité, le suivi gynécologique devra être régulier.

Par ailleurs, la Haute Autorité de santé réprouve toute forme de stigmatisation et préconise de mettre en place un environnement adapté à la corpulence des patientes. Elle incite également les professionnels de santé à faire preuve de tact et à se montrer vigilants face au éventuelles vulnérabilités sociales, psychiques, professionnelles ou familiales de leurs patientes.

La grossesse : une période délicate en cas de surpoids et d’obésité

Enfin, le surpoids et l’obésité ayant un impact sur la fertilité, la grossesse, la santé de l’enfant, la lactation ou encore l’état psychologique de la mère en post-partum, la Haute Autorité de santé émet des recommandations relatives à la période péri-conceptionnelle. L’objectif affiché ? Diagnostiquer une situation de surpoids ou d’obésité de la femme ayant un projet de grossesse.

Il conviendra ainsi d’inciter la patiente à stabiliser son poids pendant la grossesse et de lui proposer un suivi personnalisé ainsi qu’un accompagnement en post-partum (aide à l’allaitement, surveillance de dépression, aide à la stabilisation du poids). D’éventuels troubles du comportement alimentaire seront également à surveiller. Un accompagnement personnalisé devra également être mis en place dans le cadre d’une grossesse faisant suite à une chirurgie bariatrique.

Gageons que la diffusion et l’application de ces recommandations particulières permettra d’enrayer la hausse constante des cas de surpoids et d’obésité chez les femmes !