Pollution de l’eau potable, quels polluants dans l’eau ?

Par |Publié le : 21 mars 2025|Dernière mise à jour : 21 mars 2025|5 min de lecture|

Avant d’arriver au robinet ou avant d’être mise en bouteille, l’eau destinée à la boisson subit un certain nombre de contrôles de qualité pour s’assurer qu’elle est potable. Mais ces contrôles suffisent-ils à garantir l’absence de tout polluant ou contaminant ? La pollution des milieux aquatiques finit-elle par se retrouver irrémédiablement dans notre eau de boisson ? Voici quelques éléments de réponse et de réflexion sur les polluants de l’eau potable.

D’où vient la pollution de l’eau ?

Avant de contaminer l’eau destinée à la boisson, les polluants passent systématiquement par les eaux de surface (fleuves, rivières, lacs, étangs, retenues des barrages, …) et par les eaux souterraines (nappes phréatiques). Leur origine principale est la pollution chimique qu’elle soit urbaine, industrielle, atmosphérique ou agricole. S’y retrouvent potentiellement une multitude de polluants :

  • Les produits phytosanitaires ou pesticides : herbicides, insecticides, fongicides, … ;
  • Les rejets de l’industrie ;
  • Les polluants atmosphériques qui retombent avec les précipitations ;
  • Les rejets des eaux usées et pluviales, qui peuvent notamment contenir des détergents, des produits chimiques, mais aussi des médicaments
À savoir !Pensez au réflexe Cyclamed. Les médicaments périmés ou non utilisés ne doivent pas être jetés dans la poubelle à ordures ménagères. Il est important de les ramener à la pharmacie pour qu’ils soient détruits par une filière spécialisée. Seuls les emballages (boîtes de médicaments) et les notices peuvent être jetés dans la poubelle de tri sélectif.

Quels sont les contrôles effectués sur l’eau potable ?

Chaque pays détermine les contrôles effectués sur l’eau avant qu’elle ne soit consommée par les humains. En France, l’eau du robinet fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent, destiné à garantir sa potabilité.

Les contrôles effectués sur l’eau du robinet visent à rechercher la présence de certains contaminants :

  • Des contaminants microbiologiques, c’est-à-dire des microorganismes (bactéries, virus, parasites) : les contrôles portent sur la recherche de germes indicateurs d’une contamination fécale de l’eau, la bactérie Escherichia coli et les bactéries entérocoques. Tous les agents pathogènes potentiels ne sont donc pas recherchés. La présence de tels agents peut être à l’origine d’épidémies de gastro-entérites.
  • Des nitrates, susceptibles de témoigner d’une pollution urbaine, industrielle ou agricole, s’ils sont présents en quantité trop importante. Une quantité trop importante de nitrates peut entraîner des troubles hématologiques graves chez les enfants et les femmes enceintes.
  • Les pesticides ou produits phytosanitaires, utilisés dans le secteur agricole. Présents en trop grande quantité, les pesticides peuvent entraîner des intoxications aiguës. Consommées en petites quantités sur de longues périodes (plusieurs années à plusieurs décennies), leurs effets restent encore mal connus.
  • Le plomb, encore présent dans certaines canalisations anciennes. L’intoxication chronique au plomb est responsable du saturnisme, une situation grave en particulier chez l’enfant et les sujets fragiles. 
À savoir !L’exposition aux produits phytosanitaires est multiple, car ces composés se retrouvent partout dans l’environnement, certains dans l’air ambiant, d’autres dans les aliments, d’autres encore dans l’eau. De plus, il existe plusieurs centaines de pesticides utilisés en agriculture. En France, actuellement 319 produits phytosanitaires différents sont autorisés. Alors qu’il est déjà complexe d’analyser l’effet sur la santé à moyen et long termes d’une seule substance, il est encore difficile d’évaluer l’effet de multiples substances auxquelles nous sommes tous les jours exposés.

Si les contrôles de l’eau détecte une anomalie, les consommateurs concernés sont informés qu’ils ne doivent pas consommer l’eau et une distribution d’eau en bouteilles est mise en place jusqu’à ce que l’eau redevienne potable au robinet.

Au final, un certain nombre de contrôles sont effectués et visent à garantir la potabilité de l’eau de boisson. Mais plusieurs études récentes pointent du doigt la présence de substances émergentes dans l’eau du robinet, même approuvée par les contrôles. En effet, si certains polluants ne sont pas recherchés, l’eau est considérée comme potable, alors qu’ils sont potentiellement présents dans l’eau, parfois à des concentrations néfastes pour la santé.

Des polluants éternels dans l’eau potable !

Depuis quelques années, l’inquiétude grandit sur la présence de polluants dans l’eau du robinet, pourtant considérée comme potable. Plusieurs substances sont citées, sans avoir toutes la même origine :

  • Des résidus de médicaments, provenant des médicaments utilisés en santé humaine et animale qui se retrouvent dans l’environnement, et donc un jour dans l’eau ;
  • Des composés perfluorés, encore appelés des polluants éternels, et qui proviennent des activités urbaines et industrielles ;
  • Des perchlorates, des produits issus des procédés utilisés pour désinfecter l’eau en cas de contamination microbiologique ;
  • Du chlorure de vinyle monomère (CVM), relargué par certaines canalisations en PVC, utilisées il y a quelques décennies dans de nombreuses régions de France.

Comme ces composés ne sont pas systématiquement recherchés, ils ne sont pas pris en compte dans le contrôle de l’eau. De plus, leurs effets sur la santé, comme les concentrations seuils à ne pas dépasser, ne sont pas clairement établis. Certains auteurs craignent ainsi un futur scandale sanitaire autour de la question de la potabilité de l’eau et des enjeux de santé publique liés à la présence de ces polluants. Il paraît essentiel de déterminer les risques pour la santé et de développer des techniques de contrôle et de purification de l’eau pour assurer une eau de qualité irréprochable pour la boisson.

À savoir !Face aux craintes sur la potabilité de l’eau du robinet, certains se tournent vers les eaux de source et minérales en bouteilles. Malheureusement, il semble que ces eaux n’échappent à la présence de contaminants et/ou de polluants. Des microplastiques ont par exemple été découverts dans certaines eaux en bouteilles, tandis que des industriels sont contraints de purifier l’eau avant la mise en bouteille en raison de contamination. Des procédés de purification théoriquement interdits par la réglementation.
Sources
– Ministère de l’aménagement du territoire et de la transition écologique. Pollution de l’eau. . www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr. Consulté le 21 mars 2025.
– Ministère de la Santé. Qualité de l’eau potable.. sante.gouv.fr. Consulté le 21 mars 2025.
– ANSES. Polluants émergents dans l'eau potable : le point sur les principaux résultats de la dernière campagne nationale. . www.anses.fr. Consulté le 21 mars 2025.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Merci pour votre avis !
Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.