Sclérose en plaques, un risque majoré de cancer ?!
En France, 130 000 personnes, dont 700 enfants, vivent avec une sclérose en plaques (SEP), une maladie neurodégénérative d’origine auto-immune. Quels sont les liens entre cette maladie et les cancers ? Les patients atteints de SEP ont-ils un risque plus élevé de développer un cancer au cours de leur vie ? C’est la question à laquelle des chercheurs français ont tenté de répondre dans une étude publiée fin 2024 dans la revue scientifique Neurology.
SEP et cancers, quels liens ?
Jusqu’à maintenant, les études menées sur les liens éventuels entre la sclérose en plaques (SEP) et le risque de cancers avaient abouti à des données contradictoires. Certaines études ne révélaient aucune association entre SEP et cancers, d’autres suggéraient un surrisque et enfin des études indiquaient une baisse du risque.
Pour aller plus loin, des chercheurs français ont inclus dans cette nouvelle étude tous les patients suivis pour une SEP en France et sans antécédents de cancers au cours des trois dernières années. Elle a été menée sur une période rétrospective de 10 ans (de 2012 à 2021). Au total, plus de 540 000 patients atteints de SEP ont été inclus dans l’étude (dont 71 % de femmes). Leurs données de santé ont été comparées avec celles de 560 000 sujets en bonne santé.
Les données ont été analysées en prenant en compte plusieurs paramètres :
- L’âge ;
- Le sexe ;
- Le lieu de résidence ;
- Le régime d’assurance maladie ;
- La date d’inclusion dans l’étude.
Une légère augmentation du risque global de cancer
L’analyse des données recueillies a permis de montrer une augmentation du risque de cancer chez les patients atteints de SEP, par rapport à la population générale. Cette augmentation était de 6 % tous cancers confondus. Mais tous les patients atteints de SEP ne seraient pas exposés au même surrisque de cancer.
L’augmentation du risque de cancer chez les patients atteints de SEP serait plus important pour certains types de cancers, par exemple :
- Une augmentation de 71 % pour le cancer de la vessie ;
- Une augmentation de 68 % pour les cancers cérébraux ;
- Une augmentation de 24 % pour le cancer du col de l’utérus.
A l’inverse, aucun surrisque n’a été mis en évidence pour d’autres cancers, tels que le cancer de la prostate, le cancer du sein ou le cancer colorectal.
Prévenir et dépister les cancers chez les sujets atteints de SEP
En dehors du type de cancer, les liens entre SEP et cancer seraient différents en fonction de l’âge des patients. L’augmentation du risque de cancer serait plus importante chez les patients de moins de 55 ans. En revanche, le risque de cancer est plus faible chez les sujets atteints de SEP de plus de 65 ans, quel que soit le type de cancer. Parallèlement à ces données, les chercheurs ont observé que les patients atteints de SEP avaient tendance à participer moins que les sujets en bonne santé aux programmes de dépistage des cancers.
Cette vaste étude de cohorte française suggère une légère augmentation du risque de cancer chez les sujets atteints de SEP. Un surrisque variable selon l’âge et le cancer. Les mécanismes à l’origine de cette augmentation du risque restent à éclaircir, notamment pour déterminer si la forme de la SEP, les traitements mis en œuvre ou l’évolution de la SEP peuvent influencer le risque de cancer. Dans tous les cas, il semble déterminant de renforcer la prévention et le dépistage des cancers chez cette population de patients à risque.
– ARSEP. Etude française : risque de cancer et SEP. . www.arsep.org. Consulté le 10 février 2025.
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